Les Casselois veulent entendre sonner les cloches de leur carillon
Un reportage de Ghislain Duhot (Merci)
Cassel possède le plus ancien carillon de Flandre. Il date du 16e siècle. La municipalité a un double projet : exposer ce carillon historique et en créer un nouveau dans le clocher de la collégiale Notre-Dame.
Pour s’assurer de mener à bien cet ambitieux objectif de valorisation du patrimoine campanaire local, Fabrice Duhoo, adjoint à l’essor économique et à la culture, a décidé d’emmener une délégation de Casselois voir ce qui se fait ailleurs. Histoire « d’avoir plusieurs sons de cloche » selon l’expression bien connue.
Pour cela ils se sont rendus jeudi au musée national des Carillons à Asten, aux Pays-Bas. Ce musée est sans conteste le plus complet et le plus didactique d’Europe en matière de cloches, de carillons et d’horlogerie monumentale.
L’expertise du carillonneur
Jacques Martel
Sur place, ils ont été accueillis par le directeur du Klok & Peel Museum et par Pierre Nuÿts, guide bilingue. Ces Casselois bénéficiaient de l’expertise de Jacques Martel, titulaire du carillon de Bergues depuis 1999, et de Bourbourg. Durant cette journée, ils ont pu étudier ce qui était transposable à Cassel. Nous les avons suivis.
La solution envisagée pour exposer le carillon historique consisterait en un « beffroi de suspension » de cloches, similaire à celui de la photo, qui serait installé au fond de l’église, à proximité des fonts baptismaux. La scénographie serait complétée par la mise en valeur des deux plus grandes cloches, présentées de telle manière qu’il serait possible de les faire sonner. Une cloche de volée serait également exposée et une borne interactive permettrait de connaître l’histoire du carillon et d’entendre ses sonorités.
Un nouveau carillon dans le clocher ?
Les « cloches de Pâques » apporteront aux Casselois plusieurs hypothèses de scénographie sur lesquelles ils seront appelés à exprimer leur avis.
Parallèlement à ce projet de valorisation du patrimoine, un projet de nouveau carillon est à l’étude et présenté ci-dessous. Ce nouveau carillon serait idéalement installé dans le clocher de la collégiale.
Si cela s’avérait techniquement impossible, une solution consisterait en une « maison des cloches », ou klockhuis. Resterait à trouver l’endroit où implanter ce bâtiment en toute sécurité.
Tout cela se fera en concertation avec le conservateur régional du patrimoine et l’architecte des bâtiments de France.
Le projet de nouveau carillon
La municipalité étudie également la création d’un nouveau carillon avec ritournelles automatiques et clavier traditionnel. Au départ, il pourrait être d’une quinzaine de cloches pour 1 octave et demie. La charpente de suspension et le clavier seraient prévus pour recevoir un nombre plus important de cloches, de 38 à 48 au maximum. Le coût d’un carillon de 48 cloches pour 4 octaves est évalué entre 200 000 et 300 000 €. « La priorité est le timbre des cloches, leur couleur sonore », insiste Jacques Martel, carillonneur reconnu.
Le clavier permettra de donner des concerts et d’animer la ville. Ce projet s’accompagnera d’un concours de composition d’une nouvelle ritournelle qui s’ajoutera à celles de l’ancien carillon.
Les cloches historiques du carillon de Cassel
Le carillon de Cassel est classé au titre des monuments historiques. Il comprend notamment quatre cloches de Georges et Jean Heuwin, fondeurs à Saint-Omer, datant de 1592, et trois cloches fondues en 1720 par Antoine Bernard, fondeur de cloches ambulant, originaire de Lorraine.
Une horloge à tambour à 4 contrepoids avec un cylindre automatique, contemporaine des cloches de 1592, complète le carillon. L’ensemble a été démonté en 1990 et est entreposé à Strasbourg.
Sur les cloches de 1592 figurent les armoiries de Cassel. « Ce carillon est le plus ancien ensemble campanaire de Flandre, depuis la disparition de celui d’Esquelbecq en 1976 », déclare Jacques Martel, expert en la matière.
GHISLAIN DUHOT